Les Chèvres de Monsieur Raffarin...

En son temps, premier ministre, homme de marketing, de scoop et de scope nous a annoncé la naissance de « Chevroscope » inauguré le 20 avril à Limazay dans la Vienne sous l'enseigne « Cabrilia ». « L'univers de la chèvre grandeur nature ».

Avec la présence sur son étendue de plus de 300 000 chèvres, la région Poitou-Charentes, « Terre des chèvres » représente environ 35 % de notre cheptel caprin. Depuis peu d'années, les biquettes sont exploitées pour leur lait, emprisonnées dans des ateliers de forcerie intensive. Aussi en deux décennies, le nombre de fermes élevant des caprins est-il tombé de 13 900 en 1979 à moins de 2000 en 2002 ! De nos jours, les reines des champs ne fréquentent plus les prairies calcaires et les bocages de cette belle région de France. La campagne poitevine se révèle bien triste en l'absence de ces joyeux et capricieux petits ruminants, débroussailleurs, aménageurs et gardiens des territoires, créateurs de fermes et d'emplois.

Aussi, ai-je pensé que le Poitevin Jean-Pierre Raffarin, attaché aux valeurs des terroirs, allait nous réserver une heureuse surprise, en formant des chevriers(ères) au lycée agricole de Melle dans les Deux-Sèvres. Ainsi, pourrait-il annoncer aux Français et à leurs hôtes, amoureux des valeurs de notre patrimoine, le retour aux champs en élevage pastoral des descendants de la chèvre Amalthée, nourrice de Jupiter.

Or, il n'en est rien ! « Cabrilia », « l'univers de la chèvre grandeur nature » ne comporte qu'un malheureux troupeau de 250 chèvres, incarcérées sans aire d'exercice, « que les visiteurs peuvent apercevoir par une galerie que surplombe les installations ».

Jean Domec, 2003


Lecture : reportage de la revue La Chèvre de juillet-août 2003.