Pour une Agriculture durable

Lors de la Conférence à la Chambre d'Agriculture d'Indre et Loire du début décembre (Terre de Touraine 26.XII), experts et agriculteurs ont préconisé un modèle de développement durable pour l'Agriculture. Aussi, je suggère que la Touraine soit, au sein de l'Europe, une terre d'expérimentation de ce renouveau. En effet, l'Indre et Loire ne compte plus que « 6200 exploitants agricoles en 1996, dont 25% ont plus de 55 ans ! Si nous suivions l'évolution actuelle, nous aurions encore une réduction de 50% des agriculteurs dans dix ans... » [1].

Ainsi, dans notre Province, en système productiviste, et si nous ne réagissons pas, le Jardin de la France serait sacrifié faute de paysans. « L'agriculture compétitive n'aménage pas le territoire, on peut dire le contraire qu'elle le déménage » nous mettent en garde Bertrand Hervieu [2] et les intervenants à la journée consacrée à la promotion de l'Agriculture durable.

Aussi, en Touraine, afin de remédier à cette situation, notamment l'« élevage où l'on travaille avec des systèmes qui font tout pour rendre malades les animaux, » faudrait-il répondre à la volonté de réaliser ce type d'Agriculture. Les hommes ne sont-ils pas frappés par les dépressions et un fort taux de suicides, coûts intolérables de la désertification et de la concentration des exploitations qui conduisent à l'inhumain gigantisme ?

C'est pourquoi la ferme à dimension humaine, animale et environnementale s'avère impérative pour la construction harmonieuse d'une agriculture durable. Quand à la remise à l'herbe du cheptel, seule façon d'éviter à l'homme et à l'animal le stress et les maladies de civilisation, tout en entretenant et profitant du milieu, elle demande un effort collectif du département. En effet, l'élevage extensif réclame une importante main-d'œuvre. Ainsi de nombreux emplois verts de bergers, vachers, chevriers et autres gardiens, amoureux de la nature, formés pour être aptes à guider et à soigner les créatures vivantes que les paysans leurs confieraient, pourraient être créés avec au bout d'un laps de temps à déterminer la possibilité de s'installer. D'autant que beaucoup de jeunes aspirent à un métier lié à l'environnement.

Sous la direction du Conseil Général, de la Chambre d'Agriculture, de la Paysannerie, avec l'appui de toute la population, réalisons en Touraine une Agriculture durable qui assurera beauté et prospérité au Jardin de la France.

Jean Domec, 1997


[1] Observatoire économique et social de la MSA, Terre de Touraine, 7 décembre 1997.

[2] Agra-presse, janvier 1995.