Des années 50 à aujourd'hui

pleine chèvre ou trace
Sente de la chèvre qui bâille : le livre

Lire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle

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L'éloge de la bique IX - 1999 - Radio France - Marilia Lopès (voir crédits)

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♪ air de flûte ♫

Jean Domec

L'homme, le vrai berger, respecte la carrière de l'animal. La carrière c'est très important, la carrière. Ce sont des animaux qui sont appelés à être sacrifiés, c'est normal. Bon, mais qu'on respecte la carrière parce qu'on est des dieux vis-à-vis des animaux.

Marilia Lopès

« Il crie comme bouc qu'on châtre », « elle fait des yeux comme une chèvre qu'on avorte ». La place de la chèvre a bien changé depuis les grands bouleversements de l'agriculture dans les années cinquante.

Jean Domec

Vous avez un livre de 1979 que je signale parce qu'il a été fait par l'Inra. Et bien il montre, ça s'appelle Le Stress en élevage intensif, que l'élevage intensif n'est pas possible parce que les animaux sont malades. Maintenant, j'ai vu dans La Chèvre, un numéro de fin 96, qu'il ne faut plus qu'un homme pour 125 chèvres avec système, ils appellent ça système paille/granulés, avec un traitement pour le foie toutes les semaines. Mais on est devenu fou !

Philippe Chemineau

On caricaturerait en disant : « on va tout remettre au pâturage et tout sera très bien, et... » La nature n'est pas que bonne, hein, je pense, quand on met les animaux au pâturage, par exemple, les animaux sont parasités. Il y a des parasites internes quand on les remet au pâturage. Donc on est obligé de les traiter avec des anti-parasitaires, comme contre les vers, comme on donne à des enfants. Et ces anti-parasitaires, ils ne sont pas complètement innocents sur le plan des résidus, par exemple. Hein ?

♪ chanson de (Ricé Barillé ?) ♫

Oh ! Les vaches !
Y'a pu d'sou papa
Y'a pu d'sou maman

Mais aujourd'hui pour vendre l' fromage de nos biques
Faut se servir d'une calculatrice électronique
Car si y a d'la hausse dans l'dollar américain
Et pan ! Ya d'la baisse dans l'reblochon et dans l'crottin
Un sou c'est pu un sou comme on disait dans l'temps
Un sou c'est pu un sou, c'est d'l'argent

♪ ♫

Jean-Jacques Martin

Dans les haies, les chèvres c'est pas comme les vaches, je veux dire, il y avait dans les pièces à cette époque, les pâtures étaient toujours cernées de... Ou les reuilles où il y avait beaucoup de... le remembrement n'était pas passé donc il y avait beaucoup de champs entourés de petits feuillus qu'elles raffolaient alors que maintenant c'est vrai que la bique a quand même du mal à se faire sa mangeaille, c'est vrai. Et ça se voyait d'ailleurs à l'endroit où il y avait les biques qui passaient, c'est vrai qu'il y avait les épines et tout ça, il y avait des passages qu'il n'y a plus maintenant : des sentiers.

Philippe Chemineau

Dans les années cinquante il y avait déjà des élevages assez spécialisés en bovins laitiers alors qu'il n'y avait pas d'élevage spécialisé en caprin. Le plus gros changement, je pense, dans l'élevage caprin c'est le fait qu'il y a eu une augmentation de la taille des troupeaux. C'était le démarrage des grands thèmes pour essayer de mieux connaître les besoins, par exemple, alimentaires des caprins. C'était les débuts également de l'amélioration génétique pour leur permettre d'avoir une production plus importante en quantité et une meilleure production en qualité pour pouvoir faire des fromages. Bon, les premiers travaux aussi sur la reproduction et savoir comment on pourrait faire pour essayer de faire en sorte que les consommateurs puissent avoir du fromage toute l'année et pas seulement à quelques mois limités dans l'année.

Aussi des grands programmes en ce qui concerne la santé des animaux, la pathologie des animaux. À l'époque, il faut quand même savoir, que comme à l'heure actuelle dans un certain nombre de bassins méditerranéens prévalait la brucellose, la fièvre de Malte dans beaucoup de troupeaux caprins. Donc il a fallu mettre en place une prophylaxie pour éviter que cette maladie, qui est transmissible à l'homme et qui est quand même très dommageable pour l'homme, soit éliminée complètement des troupeaux, ce qui est le cas actuellement.

♪ musique ♫

Marilia Lopès

Pour l'Inra, biquette moderne semble plutôt bien dans sa peau. Mais dans notre assiette, ses fromages ont-ils conservé les parfums de thym ou de luzerne qui les rendaient si savoureux ?

Philippe Alléosse

Ah c'est vrai que chez certains producteurs, les biques, les chèvres ont peu de possibilité d'aller se balader et c'est vrai qu'on les parque, on a tendance plutôt à les parquer à leur donner à manger alors que dans d'autres régions on les laisse en liberté comme les vaches, comme les brebis. Mais c'est vrai que ça devient... Enfin ça revient mais ça eu du mal à prendre en considération qu'une bête, malgré tout, il faut qu'elle aille se balader et qu'elle choisisse le terrain pour sa nourriture.

♪ musique ♫

J'ai vendu ma chèvre

♪ ♫

Jean-Jacques Martin

Qu'est-ce qu'on avait dans le temps, avant que les races soient bien bien distinctes ? Ici il y avait des vieilles races de biques. Qui étaient assez hautes et même les poils étaient assez longs.

Interlocuteur

L'ouïe qui retombait un peu.

Jean-Jacques Martin

Qui retombait un petit peu, oui. Il y avait ça dans notre enfance.

Interlocuteur

C'était les chèvres du Poitou.

Interlocutrice

La Poitevine, la chèvre Poitevine.

Jean-Jacques Martin

Oui, une chèvre qui était comme les baudets du Poitou. Qui était poilue.

Interlocutrice

Noire ?

Jean-Jacques Martin

Oui c'était assez foncé.

Interlocutrice

Oui c'était la Poitevine. On en a pas là, de la poitevine.

Marilia Lopès

Autrefois il y avait autant de races de biques que de terroirs soit une bonne douzaine en France. Aujourd'hui, productivité oblige, deux chèvres ont largement colonisé le cheptel.

Jean-Claude Le Jaouen

Donc c'est essentiellement l'Alpine, hein, qui est originaire donc des Alpes. Et puis une chèvre blanche, à poils ras, qui s'appelle la Saanen. La Saanen est originaire de Suisse. De la vallée de la Saane en Suisse. Vous avez une troisième race mais qui est beaucoup moins importante c'est la Poitevine, une chèvre à poils longs, originaire du Poitou. Et puis depuis une dizaine d'années y a une espèce de résurgence des anciennes races. Aujourd'hui on a pratiquement 4000 chèvres du Rove qui est une très belle chèvre avec des cornes magnifiques qui accompagnait les troupeaux de moutons de Provence dans la transhumance. Vous avez la Chèvre Corse qui n'est pas du tout une race en voie de disparition puisque, alors là, elle est dans son système d'élevage insulaire traditionnel. Et puis, dans les autres races que je n'ai pas citées, vous avez par exemple la Provençale, aussi, la chèvre du Sundgau qui elle a disparu. Sundgau c'était la région Vosges, Alsace. On a recherché des spécimens mais on en trouve plus.

♪ air de flûte ♫

Marilia Lopès

L'éloge de la bique.
Les chèvrophiles dans le vent, aujourd'hui il y avait :
Jean Domec gardarem lou biquettes,
Philippe Chemineau, ingénieur, directeur de l'unité de recherche physiologie de la reproduction des mammifères domestiques à l'Inra de Nouzilly,
Jean-Jacques Martin, plasticien de terroir,
Philippe Alléosse, affineur star à Paris
et Jean-Claude Le Jaouen, rédacteur en chef du magazine La Chèvre.

Cyber biquette... c'est pour demain.

♪ air de flûte ♫


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« L'éloge de la bique » est un chapelet de dix courtes émissions réalisées par Marilia Lopès et produites par les Ateliers de Créations du Grand Ouest de Radio France. Elle furent diffusées sur différentes antennes locales France Bleu courant 1999. Cette transcription littérale réalisée fin 2005 par Christian Domec et Jean-Noël Passal, même si elle est fidèle à ce que ces émissions faisaient entendre, souffre du manque de souffle que l'oral génère et que Marilia Lopès a su merveilleusement recueillir et mettre en valeur. Gageons que pour répondre à ce que m'écrivait Jean-Noël : « il aurait été plus savoureux pour des caprinophiles curieux d'écouter l'émission que de la lire » Radio France mettra en ligne l'original de cette fabuleuse série sur son site internet ou, à défaut, confiera à la « sente de la chèvre qui bâille » ce rôle.




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