Écoutons donc le poète

Aux Pays-Bas, l'Inspection sanitaire indique, dans son rapport de 1995, que 51,90 % des volailles vendues dans ce pays sont contaminées par des salmonelles ou autres bactéries [1].

En France, le contrôle laitier, lors de son assemblée générale en Indre-et-Loire (en mars 1996), dresse l'état de la production laitière. Il signale que, dans ce département, ainsi que dans le grand Ouest, la majorité des étables possèdent des vaches laitières qui souffrent de mammites et donnent un lait chargé de leucocytes [2].

Pourtant, dès 1929, dans « Au milieu des vitraux de « L'Apocalypse » », Paul Claudel (1868-1955) nous met en garde, en dénonçant la sauvagerie de l'élevage industriel encore à ses débuts : « La poule errante et aventureuse est incarcérée et gavée scientifiquement. La vache est un laboratoire vivant qu'on nourrit par un bout et qu'on trait à l'électricité de l'autre. Sont-ce encore des animaux, des créatures de Dieu, des frères et des sœurs de l'homme, des significations de la sagesse divine que l'on doit traiter avec respect ? » [3].

L'auteur de « L'annonce faite à Marie » ne serait certes pas surpris de constater que, aujourd'hui, l'animal s'avère malade de l'homme, et réciproquement. Aussi, au lieu de nous entêter et de poursuivre la folie productiviste, écoutons donc le poète.

Jean Domec, 1996


[1] La France agricole, 23 août 1996.
[2] Terre de Touraine, 5 avril 1996.
[3] in Le Chant des créatures, Hélène et Jean Bastaire, Cerf, 1996.