« Dans la rubrique « courrier des lecteurs » de la Nouvelle République, Jean Domec, ancien directeur commercial, retraité à St Avertin, explique souvent que tous les problèmes agricoles pourraient se résoudre facilement... si l'on revenait à des méthodes de production plus « naturelles », moins intensives. Facile à dire !
Dernièrement, Jean Raguin, ancien agriculteur retraité, à Sepmes, a pris son crayon pour remettre les choses à leur place. Voici son texte paru dans la Nouvelle République :
« J'apprécie les théories de M. Domec sur l'agriculture. Aussi, je souhaiterais qu'une exploitation lui soit confiée, afin qu'il applique ses idées. Cependant, je redoute pour lui, une faillite à court terme, car il n'est pas facile, vu les prix de 1998, de produire en appliquant des méthodes datant de cinquante ans et plus !
Mais, si l'agriculture devait faire ce grand bond en arrière, il serait normal qu'il en soit de même pour toutes les activités.
Nous pourrions aussi nous éclairer à la bougie ou à la lampe à pétrole, nous déplacer à pied ou en carriole à cheval. Nous pourrions aussi, manger pain et lard, comme autrefois.
Je doute beaucoup de l'enthousiasme de nos contemporains pour ce retour en arrière.
Par ailleurs, M. Domec a-t-il trait les vaches à la main ou nettoyé les porcs manuellement, pour trouver ces travaux si poétiques ? Rares sont ceux, ou surtout celles qui regrettent ces travaux, chaque jours répétés, si pénibles et si salissants.
Même s'il est bon ton de trouver qu'hier était mieux qu'aujourd'hui, sachons reconnaître que chaque époque a ses avantages, voire ses inconvénients.
Par rapport à ceux qui ont connu la pénurie et très souvent la faim, les Français de 1998 peuvent, s'ils ont un peu d'argent, manger à leur faim, sans trop écorner leur budget.
Enfin, malgré la soi-disant mauvaise qualité de nos produits, nous vivons de plus en plus vieux, ce qui, vous en conviendrez, est un joli pied de nez aux pessimistes de toute nature. » »
Éditorial d'Informations syndicales, UDSEA 37, 1998