En 1992 à New-Dehli, lors de la Conférence internationale caprine, 750 scientifiques de haut niveau, représentant 50 nations, nous ont révélé que « la chèvre mange de tout » et « qu'elle peut utiliser aussi bien les sous-produits industriels que les vaches, notamment les farines de viande, de plumes hydrolysées de graisse ou d'urée ».
C'est ainsi qu'au crépuscule du XXe siècle, les herbivores ruminants vaches, brebis, chèvres laitières qui entretenaient et égayaient nos paysages dont le lait affirmait l'authenticité de la saveur d'un terroir, ont été transmués en mammifères omnivores industrialisés, souvent emprisonnés dans des stabulations permanentes en forceries intensives.
Aussi, ne suis-je pas surpris de lire dans « La France agricole » du 19 octobre un reportage qui nous décrit « une alimentation sans maïs, ni herbe, uniquement à base de sous-produits, dans un élevage de cinquante-cinq vaches laitières.
La nourriture de ces vaches performantes (7 500 litres de lait par an et par vache) est composée, entre autres d'un aliment qui contient « le biscuit » une farine à base de gâteaux de nouille, de chocolats périmés ou éliminés des usines. Depuis le début 2001, il est essayé des frites. Issues de pommes de terre précuites à la vapeur, elles apportent un amidon bien assimilé par les vaches... »
Il n'est donc pas étonnant que les personnes, qui préconisent de redonner sa place à l'herbe dans l'alimentation des herbivores et prônent la restauration de l'élevage paysan, c'est-à-dire extensif et de petite production, soient traitées de ringards par les scientistes.
Ce soi-disant passéisme dont use et abuse cependant la publicité pour faire croire aux consommateurs que les produits vantés proviennent du terroir et sont confectionnés à partir de savoir-faire ancien.
Décidément on n'arrête pas le progrès, même si l'exploitation industrielle des animaux a réussi, en cinquante ans, à effacer les leçons de « 10 000 ans d'histoire de l'élevage en France » que nous a légué notre civilisation paysanne.
Jean Domec, 2001