Par la pensée écologique, l'homme de progrès désire communier avec la nature et honorer ses paysans ; il veut sauvegarder la biodiversité de la faune et de la flore et reprend conscience que l'animal est doué d'une sensibilité, de sentiments, d'une pensée.
Aussi, au moment où notre pays s'apprête à geler, d'ici l'an 2000, 6 millions d'hectares de culture, soit dix départements de la dimension de l'Indre-et-Loire, pourquoi ne pas chanter le noble métier de berger ?
Les mérites demandés à l'éleveur en plein air ne réunissent-ils pas, en effet, les aspirations de la modernité pour un commerce policé entre l'homme et les créatures vivantes au sein de la biosphère ? Car pour réussir dans son œuvre, ne faut-il pas au pasteur douceur et affection pour les animaux, ainsi que science pour les faire naître, pour veiller à leur santé et à leur prospérité et, au moment choisi, les sacrifier ?
En passant ainsi d'une cadence de vie technique à un rythme biologique et d'un cadre d'existence concentré à un milieu naturel, la qualité de vie des êtres humains et de leurs compagnons serait louée, celle des écosystèmes serait bonifiée. En rémunérant à leur juste valeur la qualité et la saveur de la nourriture, ainsi que les soins apportés à l'espace par notre agriculture paysanne et ses éleveurs, nous pourrions, non seulement éviter la désertification de nos terroirs, mais permettre à des communautés et à des familles de s'installer dans les villages abandonnés. La belle aventure humaine, à l'aube du XXIe siècle, ne se situe-t-elle pas à 30 km de nos centres urbains ?
Grâce à la pastorale, pourrait resplendir une campagne vivante, entretenue naturellement. L'agriculture paysanne et le monde rural seraient sauvés. En outre, nos bourgs et bourgades habités, nos paysages soignés et égayés par la présence animale, attireraient les touristes. Ceux-ci ne recherchent-ils pas, eux aussi, un retour aux sources de la vie ?