Des milliers de vaches, de moutons, de porcs, de chèvres sont abattus, frappés par des maladies mystérieuses dites de civilisation. La plupart de ces maux proviennent du stress infligé aux animaux par leur exploitation intensive. Or, les pouvoirs publics ne me paraissent pas avoir évalué les conséquences dramatiques de ces tueries pour nos éleveurs et notre élevage.
Le moment n'est-il pas choisi de remettre en question « La loi sur l'élevage de 1966 », qui consacre l'élevage industriel des animaux de la ferme. Le scientisme, à l'origine de cette loi, était persuadé que « Le progrès technique maîtriserait la production animale », notamment grâce à l'amélioration génétique. Il ignorait tout simplement que les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité et de sentiments. « La Loi sur l'élevage » écrit Bertrand Vissac, a été comme le Concorde et la Fusée un pari gaullien pour réveiller « le cher et vieux pays. ».[1] Or, ce pari me semble perdu. N'a t'il pas participé à « la fin des paysans » ?
En 1970, nous comptions 820 000 éleveurs se répartissant 7 200 000 vaches laitières, plus que 125 000 en 2001 pour 4 400 000 vaches laitières ! La prospective n'en annonce plus que 75 000 si nous suivons la logique productiviste de la « Loi sur l'élevage » en 2010.
Nous comptabilisons en 1968, 10 millions de porcins et 800 000 éleveurs. En 1998 nous totalisons 14 millions de porcins pour seulement 90 000 éleveurs !
En 1970, nous avions 5 000 éleveurs de brebis laitières dans le rayon de Roquefort pour un effectif de 440 000 Brebis. En 2000 nous n'avons plus que 2 500 éleveurs pour 810 000 brebis laitières !
« La fin des paysans » fait que nous ne possédons plus qu'environ 10 000 éleveurs professionnels de chèvres pour 800 000 Chèvres !
Ce système industriel a certes augmenté énormément notre productivité mais nos animaux sont malades, frappés par les maladies de la civilisation. Aussi, au lieu d'abattre, par précaution, une partie de notre cheptel, ne conviendrait-il pas de réviser « La Loi sur l'élevage». Pourquoi ne pas rétablir l'élevage traditionnel répondant à une agriculture durable tenant compte de la santé de l'éleveur, de l'animal, du milieu, du consommateur. D'ailleurs, dès 1979 dans « Le stress en élevage intensif » les Dr Vétérinaires Dantzer et Mormède nous mettent en garde en écrivant « l'animal est malade de l'homme ! »[2]
Aussi, attaché à la pérennité de notre élevage qui a 10 000 ans d'Histoire, à la santé et à la prospérité des éleveurs, à celle de nos animaux, à la sécurité alimentaire, j'ose suggérer que « la Loi sur l'élevage » de 1966 soit repensée par l'ensemble des responsables de l'élevage dans notre pays.
Jean Domec, 2002
[1] Les Vaches de la République - INRA éditions 2002
[2] INRA Masson 1979