La Chèvre inspiratrice d'une agriculture durable

pleine chèvre ou trace
Sente de la chèvre qui bâille : le livre

Lire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle

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La chèvre est un être vivant, sensible et sentimental, qui a besoin pour prospérer de la chaleur d'une maisonnée paysanne. Bien qu'elle ait la réputation d'être un animal rustique, solide, rarement malade, une manque d'attention à son égard engendre des maux qui peuvent être graves. La chèvre est fiévreuse, c'est pourquoi elle a besoin de courir, de faire des cabrioles. C'est une danseuse née, d'ailleurs avant sa traite elle se dandine, puis, pendant la traite rumine pour montrer sa satisfaction. Pour se nourrir en parcours, la reine des débroussailleuses, le soldat du feu, réclame la présence d'un(e) chevrier(ère). Elle reste cependant « l'hôte de l'homme, jamais son esclave » docile aux caresses, elle n'accorde rien à la force.

Spontanément, la chèvre allaite un bébé humain, accourt à ses cris et lui donne la mamelle avec une affection maternelle. Dans le climat de la Touraine, la chèvre peut s'alimenter toute l'année dans les bois, les forêts, les champs, les jachères, les landes, les friches. Il faut compter environ six heures par jour pour que le petit ruminant profite de ses droits immémoriaux de « bois, herbage, feuillage, ramage. »

Comme l'écrit justement le célèbre naturaliste Pierre Boitard (1787-1859) : « La vache du pauvre a été calomniée par la plupart des économistes sur la dénonciation de quelques riches propriétaires et souvent on a voulu enlever aux pauvres habitants des campagnes cette dernière et précieuse richesse. On l'accuse d'avoir la dent venimeuse, de faire périr les arbres et les arbrisseaux qu'elle ronge... Le vrai est que sa dent n'est pas plus venimeuse que celle de la vache et de la brebis, mais comme elle a l'instinct de se dresser sur les pattes de derrière, elle atteint les bourgeons à plus haute altitude que ces animaux. » (1) C'est au gardien du troupeau de veiller. La gratitude de la chèvre pour son chevrier est grande. Ainsi, les naissances se passent rarement la nuit pour ne pas déranger son protecteur. Le dandinement, la queue relevée, les bâillements, les oreilles attentives, marquent la bonne santé de la chèvre.

Je partage le point de vue du poète grec Archiloque (8e siècle avant notre ère) qui affirme que « les chèvres respirent avec les oreilles, il suffit d'observer leur comportement pour constater qu'elles aspirent l'air par le nez et les oreilles ! » Le conseiller de Charles-Quint, le jurisconsulte espagnol Covarrubias (1512-1577) nous donne l'explication : « On a attribué à la chèvre le qualificatif de camarde ou camuse, car elle a les naseaux plats et pour cette raison elle respire mal, aussi faut-il qu'elle respire aussi par les oreilles. »

Le retour au champ, au sein d'une agriculture durable, gardienne de la vie de nos communes et de l'entretien de notre territoire rural, s'impose en ce début du 21e siècle qui sera spirituel si nous avons la volonté et le courage de rétablir les relations homme-animal-milieu, chère à notre Civilisation paysanne.

(1) Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, Pierre Larousse.

Jean Domec, 2004




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