La Chèvre en système productiviste

Sente de la chèvre qui bâille : le livre

Lire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle

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Suivant les dictionnaires et les « cours d'agriculture », consultés depuis 1762, ainsi que mon expérience personnelle, une chèvre commune, bien nourrie, élevée en plein air dans son milieu naturel donne au moins 800 litres de lait par an. Son meilleur rendement se situe entre quatre et huit ans, ce qui correspond à sa nature.

L'idéal biologique pour la chèvre et l'intérêt de l'éleveur est que la chèvre ne soit saillie que tous les deux ans. Ainsi tient-elle la production de lait pendant 670 jours, pour seulement deux mois de tarissement.

Or, le système productiviste a décidé dans les années 70, d'élever la descendante d'Amalthée, la nourrice de Zeus, claustrée dans des ateliers spécialisés. Simultanément, dans l'espoir d'accentuer le rendement, la productivité caprine a choisi d'éliminer de nombreuses races, richesses de nos terroirs. Ainsi n'a-t-elle retenu que les chèvres alpines et saanens, considérées comme les plus performantes. En outre, le caprin a « bénéficié » des technologies toujours nouvelles, de sélection génétique, d'insémination artificielle, de désaisonnement, de transplantations embryonnaires, de traite mécanique, en attendant le clonage, ainsi que de logements et d'aliments sophistiqués.

Néanmoins, les résultats du contrôle laitier en 1993, pour un effectif de 224 984 chèvres, en quasi-totalité alpines et saanens, ne font état que d'une production moyenne de 686 kg par chèvre et par an ! De plus, l'animal fragilisé par le confinement et le système intensif, est sacrifié en moyenne à quatre ans ! Cette production se révèle comparable à celle obtenue le siècle dernier, par les 18 000 chèvres enfermées dans des stabulations au « Mont d'Or ».

600 litres de lait par chèvre et par an, dont parle M. Bruno dans « Le tour de France par deux enfants » en 1877. Les expériences furent nombreuses mais encore limitées au cours du XIXe siècle, et souvent malheureuses.

Gustave Flaubert nous met en garde, dès 1880 dans « Bouvard et Pécuchet » : « La science est faite suivant les données fournies par un coin de l'étendue. Peut-être ne convient-elle pas à tout le reste qu'on ignore, qui est beaucoup plus grand et qu'on ne peut découvrir. »

Jean Domec, 1995




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