Lire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle

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« Le regard de cette créature idéale qu'inventa Jean-Jacques Rousseau : l'homme « naturel », c'est-à-dire un regard empreint d'une impavide considération pour autrui - au sens premier de considérer : regarder et voir - regard qui, réellement, me permit enfin de me sentir exister, désespéré que j'étais déjà par ma relation avec les adultes, je l'ai trouvé chez une chèvre quand j'avais cinq ans ! Sommes-nous assez fous qu'un enfant puisse trouver moins de disponibilité en l'homme qu'en un animal !

J'aime d'un amour immodéré la chèvre - animal lubrique ? - depuis que, tout enfant, j'en rencontrai une, debout sur ses pattes postérieures, appuyée au tronc d'un arbuste dont elle mâchait les feuilles, me regardant de ce bel oeil rond jaune d'ambre foncé fendu horizontalement d'une pupille noire rectiligne qui lui donne un air de fantastique sauvagerie (animal du bestiaire diabolique, femelle du bouc qu'elle accompagne probablement la nuit aux sabbats des sorcières - pour vous peut-être ? - pour moi compagne familière de Bacchus, pacifique et aimable créature du cortège dionysiaque, danseuse enturbannée de pampres qui me parut comprendre et tolérer ma sexualité débutante).

Son pis double, gonflé, l'obligeait à marcher d'une manière pitoyable ce qui me la fit davantage encore prendre en affection.

Belle assurément, sinon aux yeux de tous, je l'aime toujours d'un amour immodéré. »

Jean Blanquet, Le Cavalier de l'hippocampe, Esméralda, 1987 ?

(http://www.jeanblanquet.net/)




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