Escoute bûcheron

Sente de la chèvre qui bâille : le livre

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« Escoute, bûcheron, arreste un peu le bras... »

Telle serait, aussi, de nos jours, l'intensité du cri d'indignation de Ronsard. En effet, pour ne pas gêner les automobilistes dans leur course folle, pour ne pas songer à remplacer le trafic marchandise par le transport ferroviaire, l'un après l'autre nos platanes de lumière sont sacrifiés, à la fleur de l'âge, au bord de nos voies terrestres.

Et que vont devenir les sites, perspectives et paysages du Jardin de la France, une fois réalisées les autoroutes, leurs croisements, leurs rocades, leurs aires de repos ? Ces projets de dévastation de notre province surviennent, cependant, au moment où nous remettons en question notre art d'habiter le monde. Notre pensée tend, en effet, à vouloir effacer l'idée que l'homme pourrait être « maître et possesseur de la nature ».

Ne murmurons-nous pas, à nouveau, en compagnie du prince des poètes :

« Escoute, bûcheron, arreste un peu le bras ;
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas ;
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivoient dessous la dure écorce  »

Avec le poète des princes, ne sommes-nous pas nombreux, en cette fin de siècle, à ne plus considérer l'animal et l'arbre comme des produits mais comme des créatures vivantes, douées de sensibilité, de sentiment, de conscience ?

Jean Domec, 1992




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