Lire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle

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L'éloge de la bique X - 1999 - Radio France - Marilia Lopès (voir crédits)

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♪ air de flûte ♫

Jean Domec

On pourrait débroussailler toute la Provence et quantité de landes, de friches, etc. en France grâce aux chèvres et aux moutons mais à condition de bien traiter et de bien rémunérer. Les gens qui sont bien rémunérés maintenant il faut être dans la machine. Alors on rémunère bien les pilotes de Canadairs, bon c'est normal peut-être, mais pourquoi pas rémunérer de la même façon le berger ?

Marilia Lopès

Ce type là : « il serait amoureux d'une chèvre coiffée », voilà comment on traitait les coureurs de jupon du côté de Brive. Mais laissons là les jupons et courrons plutôt la campagne française à la recherche de nos biques. Dans la nature on ne les voit plus guère et pourtant.

Jean Domec

C'est la meilleure débroussailleuse. Toutes les régions où... par exemple les forêts (même les bois, etc.) qui sont interdites aux chèvres, elles devraient être ouvertes parce que tout ce qui est interdit ne devrait plus être interdit. Les bois, les forêts, les landes, les friches actuellement la plupart du temps c'est traité par broyeurs et produits chimiques. Vous croyez que ça ne serait pas mieux que de les débroussailler par la chèvre ?

♪ musique ♫

Philippe Chemineau

Dans toute la forêt méditerranéenne l'Inra et ses éleveurs de chèvre du Rove ont des programmes d'exploitation du maquis, par exemple, par ces chèvres. En Corse aussi c'est très vrai, on en parle beaucoup pour des problèmes d'incendies par exemple. Si on investissait dans des programmes de recherches tout ce qu'on met dans la sécurité civile et les canadairs pour arroser les feux, c'est vrai, peut-être cela serait plus rentable. Enfin.

Marilia Lopès

À l'Inra, on étudie notre bique et son homme sous toutes les coutures. Pour faire du fromage en toute saison il lui faut un bouc en forme toute l'année. Et le printemps même en hiver ! Alors on travaille les effets de lumière, on cherche des plantes pour remplacer les hormones pas assez bio. Et pour les beaux yeux des étrangers fortunés, biquette se ferait parfaite en pipette d'embryons congelés. Mais tout le monde n'est pas si riche.

Philippe Chemineau

On a beaucoup, beaucoup de relations avec des pays en développement. Les plus grands pays caprins... c'est l'Inde, c'est la Chine, c'est le Brésil, le Mexique. Donc on accueille un certain nombre de gens dans nos laboratoires. On va faire des missions aussi à l'étranger pour donner des cours, pour former des gens, pour connaître la population locale, pour les développer localement. Des conférences mondiales caprines qui a lieu tous les quatre ans. On a aussi une population caprine relativement importante autour du bassin méditerranéen. Bon, il y a les pays d'Europe : l'Espagne, l'Italie, la Grèce sont des pays très très caprins. Le Portugal aussi. On a beaucoup de relations aussi. On a des programmes européens en cours avec ces pays là. Je crois qu'on a absolument besoin d'aider les pays en développement avec une forte croissance démographique humaine à s'organiser pour produire sur place des productions agricoles pour à la fois qu'ils aient leur propre production pour leur population. Que l'on ne soit pas, sans arrêt, avoir la tentation de leur envoyer des produits agricoles produits chez nous. Mais aussi produire chez soi ça permet d'avoir une population agricole qui est fixée sur place et qui donc n'est pas candidate à l'émigration parce qu'il y a des revenus, c'est simple. C'est ça.

♪ Nous n'irons pas à Calcutta de Bonifay et Constantin, par Bourvil ♫

Nous n'irons pas à Calcutta
Calcule ta paye et tu verras
Que tu n'as pas assez pour ça
Car de Paris à Calcutta
Il faut beaucoup de pesetas

♪ ♫

Jean-Claude Le Jaouen

Le vrai développement de l'élevage caprin, il est lié en fait au marché du fromage de chèvre, le marché du fromage de chèvre se porte bien. On a une position de leader mondial, lorsque l'on va aux Etats-Unis et que l'on voit des fromages de chèvre on est très surpris de voir des formes et des dénominations françaises, par exemple, de la même façon, vous avez au Brésil un Chabichou, un Tipo Chabichou, ce qui peut surprendre. Et donc, de ce point de vue on peut dire que l'avenir de la filière caprine est plutôt favorable.

♪ musique ♫

Ça va, ça va !

♪ ♫

Philippe Alléosse

Il faut qu'on défende jusqu'au bout des ongles nos produits qui sont du terroir. Nos produits se sont des origines qui existent depuis des décennies, des siècles. On se dit : on va attaquer le deuxième millénaire donc c'est la modernisation et tout, certainement, il n'y a pas de problème, mais sur certains produits on arrivera jamais, moi je dis, c'est pas la peine d'aller moderniser des produits qui sont de la terre. Un produit de la terre doit ressembler à un produit de la terre. Et pas essayer de le triturer pour l'amener à être moderne. Non.

♪ La Luzerne de Joe Dassin ♫

J'ai droit à trois mètres d'herbe
C'est peu, mais c'est déjà beaucoup
J'ai droit à ma plante verte
Tout en caoutchouc
Y'a rien à dire, j'ai de la verdure

♪ ♫

Jean Domec

C'est un système ! C'est le système intensif. Et vous êtes obligé, c'est ça qui est triste. Alors si nous voulons libérer les chèvres comme libérer d'autres animaux, c'est un effort que je dis collectif ! Il faudrait d'abord décongestionner les gens de la ville. Donc, actuellement, il est absolument impossible à des gens habitant en ville d'avoir une chèvre.

Mais vous avez la fonction publique qui occupe beaucoup de gens. On pourrait très bien, par exemple, mettre des services aussi bien de la préfecture, de la Chambre d'agriculture, de la Sécurité Sociale, Caisse vieillesse ou autre. En mettre une partie un peu partout dans la nature et on pourrait, à ce moment là, reconstituer par commune les vaines pâtures, communaux, parcours, tous les droits immémoriaux qui permettraient aux gens d'avoir des animaux. Et comme ces gens, ils pourraient très bien rémunérer, comme c'était dans le temps, un gardien communal mais il faut commencer par le début, c'est-à-dire décentraliser pour que tous les départements français, la plupart, ne soient pas des déserts avec une ou deux villes et puis c'est fini. Avec des gens malheureux qui vivent comme des poulets en batterie. Voilà !

♪ air de flûte ♫

Marilia Lopès

L'éloge de la bique.
Les chèvrophiles du futur, il y avait aujourd'hui :
L'enthousiaste biquettologue Jean Domec,
Philippe Chemineau, ingénieur, directeur de l'unité de recherche physiologie de la reproduction des mammifères domestiques à l'Inra de Nouzilly,
à la Maison de l'Élevage, Jean-Claude Le Jaouen, rédacteur en chef du magazine La Chèvre
et Philippe Alléosse, deuxième génération de maîtres affineurs à Paris.

Chèvrement votre, Marilia Lopès

♪ air de flûte ♫

♪ Béguètement ♫


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« L'éloge de la bique » est un chapelet de dix courtes émissions réalisées par Marilia Lopès et produites par les Ateliers de Créations du Grand Ouest de Radio France. Elle furent diffusées sur différentes antennes locales France Bleu courant 1999. Cette transcription littérale réalisée fin 2005 par Christian Domec et Jean-Noël Passal, même si elle est fidèle à ce que ces émissions faisaient entendre, souffre du manque de souffle que l'oral génère et que Marilia Lopès a su merveilleusement recueillir et mettre en valeur. Gageons que pour répondre à ce que m'écrivait Jean-Noël : « il aurait été plus savoureux pour des caprinophiles curieux d'écouter l'émission que de la lire » Radio France mettra en ligne l'original de cette fabuleuse série sur son site internet ou, à défaut, confiera à la « sente de la chèvre qui bâille » ce rôle.




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