La Route à suivre
pleine chèvre ou traceLire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle
J'aime lire les ouvrages de Jocelyne Porcher, de la Bergerie nationale de Rambouillet et de l'Inra. Les derniers parus : Éleveurs et animaux, réinventer le lien, PUF ; La Mort n'est pas notre métier, Seuil 2003, préface de Jean Viard, directeur de recherches au CNRS.
L'enseignement agricole moderne ne forme plus d'éleveurs d'animaux, qui nous prodiguent lait, viande, œufs, mais des techniciens supérieurs.
Ainsi, de nos jours, les écoles n'apprennent plus aux futurs éleveurs l'art de faire naître l'animal, de veiller à sa croissance et à sa reproduction, mais un ensemble de techniques appelées « production animale ».
Depuis 1849, date de naissance de l'Institut national agronomique, est professée aux futurs producteurs la zootechnie. Or, cette science affirme que « les animaux domestiques sont des machines, non pas dans l'acception figurée du mot, mais dans son acception la plus rigoureuse, telle que l'admettent la mécanique et l'industrie ». [1]
Face à une telle ineptie, la résistance de notre civilisation paysanne fut grande. Elle ne s'écroulera qu'avec « les trentes glorieuses » (1945-1975), qui virent « la fin des paysans » et le triomphe du scientisme.
Mais l'immense savoir paysan, se transmettant de génération en génération, ne s'est pas perdu.
Jocelyne Porcher, dans ses remarquables travaux, le montre.
L'ardent chercheur de la Bergerie de Rambouillet et de l'Inra observe que de nombreux éleveurs, comme au Limousin, gardent jalousement l'ensemble des valeurs affectives qu'ils attribuent à leurs animaux, à l'exemple de leurs aînés.
Ainsi, l'harmonie des relations entre l'éleveur, l'animal et le milieu fait-elle la joie de vivre des uns et des autres.
Dans le grand Ouest par contre, le système industriel, entre autre celui de production de lait de vache contraint l'exploitant à traiter l'ancien herbivore ruminant comme une machine de haute précision aux besoins difficiles à satisfaire.
La France comptait 800 000 éleveurs de vaches laitières pour 7 millions de vaches en 1970 ; plus que 115 000 producteurs pour 4 millions de vaches en 2002 ! Néanmoins, la collecte laitière dépasse d'environ 20 % celle de 1970 [2]. La prospective technocratique n'annonce plus que 75 000 éleveurs en 2010 !
Aussi, en production industrielle, éleveurs et animaux survivent-ils stressés, victimes de « maladies de civilisation » !
L'enthousiasme de vivre de Jocelyne Porcher, ainsi que son amour pour l'élevage, nous indiquent la route à suivre pour la réconciliation entre l'homme, l'animal d'élevage et la nature, celle qu'ont suivie avant nous des générations de paysans.
Jean Domec, 2003
[1] Dictionnaire d'agriculture, Barral, 1892, Hachette.
[2] La lettre de la société d'ethozootechnie, 1er janvier 2002.
À consulter également :
- Pour une Agriculture durable
- Le Départ de la dame
- Des animaux trop exploités
- Le Général de Gaulle visionnaire
- Poulets et poules pondeuses
- Des moutons plutôt que du béton
- La Chèvre en système productiviste
- De l'Âne à l'Homme
- Vache, brebis, chèvre, dans les pays civilisés et en barbarie
- Longue vie au chant du coq
- La Chèvre a besoin d'aimer et d'être aimée
- Actualité des « Pastorales de Longus »
- La Mère du Monde persécutée par le Scientisme
- Pour un statut de l'animal
- Pour un vrai cahier des charges bio
- Aspects religieux de la chèvre
- La Chèvre au Sundgau
- La Chèvre et la Révolution
- Pour une joie de vivre !
- Retour au pâturage
- Aux sources de la vie
- L'Homme et la chèvre, une histoire d'amour
- Mythologies et religions
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- Des années 50 à aujourd'hui
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