In memoriam Jean Domec
pleine chèvre ou traceLire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle
C'était sûr, quand le téléphone sonnait à environ neuf heures et demie du matin, je le savais : c'était Jean Domec. Et oui, « Bonjour Cornélis », « Bonjour Jean ». C'est ainsi que commençaient les innombrables entretiens téléphoniques. Et le sujet ? La chèvre, bien entendu. Peut-on parler de la chèvre continuellement ? Bien sûr et naturellement aussi de l'agriculture familiale et, de temps en temps, des poules, des porcs et des vaches. L'intensif, c'est lamentable. Horrible, ces pauvres bêtes enfermées dans des ateliers. La chèvre, c'est la reine des champs. Jean Domec m'a parlé souvent de sa passion, son évocation pour défendre nos animaux domestiques. Il écrivait régulièrement pour des magazines et des journaux, de « La Nouvelle République » jusqu'à « Le Monde » pour faire connaître à tout le monde ses idées. Souvent, il m'appelait en disant : « Écoute, ce que j'ai écrit » et après avoir lu le nouveau fruit de sa plume, il demandait : « Qu'est ce que tu en penses ? ». Malheureusement, c'est fini. Jean Domec est entré dans le repos éternel. Nous avons perdu un bon ami et les chèvres ont perdu leur défenseur ardent. Le plus grand honneur qu'on puisse lui donner après sa mort est de se souvenir et de propager ses idées. Le site Internet combine une très grande partie de son œuvre.
Jean Domec aimait les animaux et les humains. Il aimait recevoir avec grande hospitalité des amis qui s'intéressaient aux animaux domestiques et il aimait beaucoup se promener avec sa chèvre Pâquerette sur le terrain autour de sa demeure. Il observait la chèvre et les plantes. Il parlait, avec beaucoup de respect pour la nature, de toutes les plantes et les arbres qu'on voyait. Et, en particulier, il voulait montrer les milliers de cyclamens en fleurs. C'est vrai, ça me faisait grande impression. C'était formidable. « Ah, Cornélis », il disait, « sais-tu que les chèvres aiment la poésie ? Elles me suivent avec attention quand je lis des poèmes à haute voix . » Après la mort de Pâquerette il m'appela et annonça la mort de sa chèvre, qui était depuis seize ans si proche de son cœur. Il resta sans chèvres, mais pas pour longtemps. Une amie lui offrit trois chèvres, qui lui ont donné pendant quelques temps encore de la joie et de la satisfaction. Sa santé l' obligea de rendre ces chèvres à leur ancienne propriétaire. Il restait encore l'infatigable défenseur du bien-être des animaux domestiques et de la chèvre en particulier jusqu'à la fin de sa vie. Avec une petite variation je veux citer le poème de Francis Jammes : « Prière pour aller au paradis avec des ânes » en disant que Jean Domec est allé au paradis avec les chèvres.
Dr Cornelis Naaktgeboren, 2005
« Prière pour aller au Paradis avec les ânes
Lorsqu'il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites
que ce soit par un jour où la campagne en fête
poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas,
choisir un chemin pour aller, comme il me plaira,
au Paradis, où sont en plein jour les étoiles.
Je prendrai mon bâton et sur la grande route
j'irai, et je dirai aux ânes, mes amis :
Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis,
car il n'y a pas d'enfer au pays du Bon Dieu.
Je leur dirai : Venez, doux amis du ciel bleu,
pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille,
chassez les mouches plates, les loups et les abeilles...Que je Vous apparaisse au milieu de ces bêtes
que j'aime tant, parce qu'elles baissent la tête
doucement, et s'arrêtent en joignant leurs petits pieds
d'une façon bien douce et qui me fait pitié.
J'arriverai suivi de leurs milliers d'oreilles,
suivi de ceux qui portèrent au flanc des corbeilles,
de ceux traînant des voitures de saltimbanques
ou des voitures de plumeaux et de fer-blanc,
de ceux qui ont au dos des bidons bossués,
des ânesses pleines comme des outres, aux pas cassés,
de ceux à qui l'on met de petits pantalons
à cause des plaies bleues et suintantes que font
les mouches entêtées qui s'y groupent en rond.
Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je Vous vienne.
Faites que, dans la paix, des anges nous conduisent
vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises
lisses comme la chair qui rit des jeunes filles,
et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
qui mireront leur humble et douce pauvreté
à la limpidité de l'amour éternel. »
Francis Jammes, Le Deuil des primevères, 1901
Dans son livre « The mysterious goat, images and impressions » le zoologiste, le docteur C. Naaktgeboren, décrit la riche tradition liée à la chèvre, animal qui joue un rôle important dans la culture humaine. Le livre compte environ 300 pages et 350 illustrations. Plus d'informations sur la page web de l'éditeur : www.bbpress.nl, courriel : redactie@redrose.nl.
Pour chevroter dans la sente, il suffit de proposer un texte en contactant directement christian(à)domec.net.
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édité par Christian Domec - xhtml - css - roseau - stat - rss - màj - m@nuscrit - potière