Pinard et tabac, un miracle

pleine chèvre ou trace
Sente de la chèvre qui bâille : le livre

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Dans une chanson à la gloire de nos soldats, datant de 1939, Maurice Chevalier chante : «  Tout cela fait d'excellents Français. » En effet, les appelés de la der des ders, du colonel au soldat de deuxième classe, souffrent de maladies chroniques. Or, chacun est remis en forme « grâce au miracle du pinard et du tabac ! ». Ces dopants n'étaient-ils pas recommandés par la République notamment pour stimuler le moral des armées ?

Nous-mêmes, appelés de la classe 1946, étions fiers de recevoir notre ration de cigarettes et d'avoir droit à un quart de rouge pour agrémenter nos fraternels repas autour de la table du rite. Le geste de camaraderie par excellence n'était-il pas d'offrir une cigarette à la personne avec laquelle nous devisions, afin de donner plus de chaleur à l'entretien ? Notre enfance avait été bercée par la personnalité de Georges Clemenceau, le « Père la Victoire », qui vantait ces banquets du XIXe siècle qui ont tant contribué à l'avènement de la République. Parmi nos dirigeants politiques se trouvait le président Edouard Herriot qui fumait pipe après pipe, comme José Bové de nos jours. Le président Edouard Daladier, appelé « le taureau du Vaucluse », qui consommait plusieurs paquets de cigarettes par jour ! Or ces trois personnages ont vécu respectivement 88, 85 et 86 ans ! Il est vrai que ces briscards de la troisième République avaient hérité d'un fond de santé exceptionnel et que le tabac était alors moins nocif. Aujourd'hui, la bonne chère, le pinard et le tabac ne sont recommandés ni par la diététique, ni par l'Etat.

N'obéissons-nous pas aux déesses de la machine et de la chimie, dictatures polluantes et néfastes à la santé, mais que nous avons toutefois épousées ? Aussi, nous nous évertuons à neutraliser les industries et les produits polluants par des industries et des médicaments « dépolluants ». Le clean à tout prix, voilà notre monde d'aujourd'hui.

Autre temps, autres mœurs : dans un monde macdonaldisé où règnent les bobos, la mode préfère les « drogues douces » aux bons vieux pinard-et-tabac. Aussi, l'histoire d'être à la page, pourquoi ne pas confier l'exclusivité de la vente des hallucinogènes à nos « ringards » débits de tabac et de boissons ?

Jean Domec, 2003




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