La Chèvre et la Révolution

pleine chèvre ou trace
Sente de la chèvre qui bâille : le livre

Lire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle

Lire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle

Dans « Révolution et espaces forestiers » [1], Daniel Solakian parle « de la multiplication des chèvres sous la Révolution » , du rôle méconnu de ces animaux à un carrefour dramatique de notre histoire rurale. Une étude intéressante tant pour le Poitou-Charentes que le Centre.

En effet, depuis le règne de Louis XIV, deux conceptions de la liberté s'affrontent, celle qui est accrochée aux libertés de la propriété collective et celle qui préconise la liberté individuelle pour accélérer la marche du progrès. Ce conflit appelé la « guerre des communaux », qui se poursuit tout au long du XVIIIe siècle, atteint son paroxysme d'intensité sous la Révolution. Le caprin et son maître en représentent un des symboles et un des enjeux. La légende noire « de la chèvre dévastatrice » est entretenue par les propriétaires « éclairés » pour s'approprier les forêts, mettre des clôtures, interdire l'exercice des usages immémoriaux de « vaine pâture ».

Or, pour nourrir ses bêtes, qui lui permettent de survivre, le petit peuple a besoin de conserver la pratique de ces droits qu'au nom de la modernité la seigneurerie veut lui enlever. Aussi, celui qui ne possède rien profite-t-il de la tourmente révolutionnaire pour tenter de reconquérir ses libertés ancestrales, notamment pour la chèvre, de bois, herbage, glandage, ramage. Ainsi voit-on proliférer le nombre des caprins ; ce phénomène est accentué du fait que de nombreuses vaches ont été réquisitionnées pour nourrir l'armée, levée en masse, et qu'il faut rapidement lait et viande pour alimenter les populations.

Chèvres et chevriers continueront, cependant, d'être poursuivis pour leurs déprédations par marchands de bois et propriétaires, soutenus par l'Administration, au nom des impératifs de l'économie moderne.

Mais, face à ses détracteurs, la nourrice de Zeus possède les atouts majeurs qui font qu'elle s'en tirera. Par l'incomparable variété de ses richesses elle donne le moyen au pauvre de subsister et par la qualité de son lait et de son fromage elle promet aux nantis de perpétuer leur bonne santé et celle de leur progéniture. À quel autre animal, en effet, l'homme a-t-il confié le soin d'allaiter son enfant directement si ce n'est à la chèvre !

Passionnante et instructive se révèle l'histoire de « la vache du pauvre » sous la Révolution que nous conte Daniel Solakian.

Jean Domec, 1989


[1] Édition L'Harmattan, 1989.
Nota : cette référence me paraît douteuse concernant son auteur qui est vraisemblablement Denis Woronoff, il est vrai, cependant, que Daniel Solakian a publié plusieurs études sur le monde rural et la Révolution. CD.




À consulter également :




Loading

édité par Christian Domec - xhtml - css - roseau - stat - rss - màj - m@nuscrit - potière

les penchants du roseau - journal des penchants du roseau