Il est grand temps !

pleine chèvre ou trace
Sente de la chèvre qui bâille : le livre

Lire La Chèvre jaune & Balade caprine à travers la littérature tourangelle

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Une exposition au Musée de Caen, intitulée « La vache et l'homme » retrace l'histoire de l'élevage bovin depuis trois siècles en Normandie.

Ainsi vivons-nous la transformation de l'élevage, qui de l'art de faire naître l'animal, de veiller à sa croissance, à sa santé, à sa reproduction, se métamorphose, au cours des « trente glorieuses » (1955-1985) en « production animale ». Cette brutale mutation fait que, par un système de spécialisation et d'intensification, la vache laitière devient une usine à lait. Aussi, le doux et sensible ruminant herbivore, répondant entre autres aux noms de Pâquerette et de Marguerite, vivant paisiblement douze à quinze ans, au sein de vertes prairies, ornées de haies, disparaît de nos campagnes. Son image ne subsiste que sur les boîtes de camembert ou sur les plaquettes de beurre pour assurer le mythe de la vache laitière, nourrie à l'herbe. N'existe plus, en effet, le temps où on jugeait la saveur du beurre par le goût, la couleur, la saison. « Celui du mois de mai était le plus estimé et le meilleur ; venait ensuite celui de l'été entre les deux Notre-Dame (15 août -  8 septembre) ; celui du début de l'automne arrivait après, enfin les autres... »

Difficile, cependant, se révèle la conciliation entre le productivisme qui condamne l'exploitation pour survivre à avoir toujours plus de vaches, à produire constamment plus de lait le moins cher possible, avec les qualités de vie de l'éleveur, de l'animal, du milieu, du consommateur. Ainsi, la Normandie qui comptait encore 46 200 producteurs de lait en 1987, n'en dénombre plus que 26 400 aujourd'hui ! Aussi, est-il grand temps de se réveiller et de repenser l'agriculture, qui n'est pas une marchandise comme les autres, quoiqu'en pensent les économistes. De nos jours, Français et Européens aspirent aux attributs d'une bonne nourriture, à la protection de leur paysannerie, à celle des animaux, du sol, de l'eau, à l'entretien et à la beauté des paysages. Ce sont d'ailleurs des priorités si nous voulons nous débarasser d'une idéologie dite « horreur économique » afin d'entrer dans la modernité. Elle se révèleront d'autant plus fructueuses, qu'en sauvant la nature de sa destruction, grâce à la présence de nombreux marins et paysans, nous créerons des milliers d'occupations tout en sauvegardant nos biens les plus précieux.

Jean Domec, 1997




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